2. SOS enfants abandonnés
2. SOS enfants abandonnés - Victorine Andrianaivo Razafimpanja, Psychologue
Voir l’original dans l’Express de Madagascar
On note une recrudescence d’abandon d’enfants. Selon vous, quelles en sont les raisons ?
- Le problème est surtout lié à une pauvreté extrême. Beaucoup de parents ne peuvent plus subvenir à leurs besoins et oublient leur engagement dans la société. Ils n’ont pas les moyens de tout assurer et l’éducation de leurs petits est vouée à l’échec.
Que manque à la société ?
- Je crois que la communauté a besoin d’une éducation civique et citoyenne. Certains parents négligent leur rôle en tant que tels et vis-à-vis de leurs enfants. Nous nous intéressons, le plus souvent, aux problèmes liés aux droits de l’homme et de l’enfant sans nous rendre compte des obligations qui y sont liées. Ce sont des éléments fondamentaux, si nous nous réfèrons aux conventions sur les droits de l’homme. Connaître leur rôle et leur statut est primordial pour les parents, tandis que l’éducation de leurs progénitures doit aussi primer.
Mais la situation risque de mettre en danger la communauté…
- C’est vrai que la communauté malgache va de travers en ce moment. Les enfants ont la charge de subvenir aux besoins de leurs parents, surtout chez les couches les plus défavorisées. Certains d’entre eux, étant sans emplois, croient qu’envoyer les enfants mendier leur présente une issue plus sûre. La pitié des gens est plus assurée en voyant ces petits enfants dans les rues.
A qui incombe les fautes dans ce cas-là ?
- On parle de manque d’éducation des parents. En effet, la plupart des concernés, n’ont pas eu l’occasion de fréquenter l’école. Ce qui veut signifie qu’ils ne pourront jamais connaître leurs responsabilités vis-à-vis de la société. Même le dicton malgache, affirmant que les enfants sont une richesse, n’a plus sa valeur car la situation devient trop alarmante.
La culture malgache perd-elle aussi de la valeur à cause de ce problème ?
- C’est tout à fait admissible. Les Malgaches n’ont jamais eu l’habitude de jeter leurs petits partout. Mais la plupart des jeunes mères sont influencées par la civilisation occidentale et oublient pour de bon les valeurs ancestrales, en abandonnant leurs progénitures.
Quelles solutions proposez-vous pour remédier à tout cela ?
- Une solution à court terme est liée à un enseignement approprié. L’alphabétisation et l’éducation à l’école ne suffisent plus dans le cas présent. De là intervient l’éducation civique et citoyenne pour faire connaître les lois régissant la communauté et garantir une vie harmonieuse en société. Ce dont la communauté malgache a besoin c’est une éducation de masse, sans toutefois négliger l’enseignement formel. Une école doit même être ouverte pour traiter le sujet.
Croyez-vous que l’application de la loi peut aider à réduire le fléau ?
- Tout est possible mais ce n’est pas suffisant. Les gens peuvent écoper d’une peine sans comprendre la vraie raison. Or c’est à ce problème qu’il faut avoir accès. L’objectif consiste à guider chaque délinquant vers le droit chemin. Même les personnes incarcérées méritent cette éducation de masse et ne pas se cantonner derrière les barreaux. Il faut remettre tout un chacun à sa place selon sa valeur et sa responsabilité, depuis les parents et la famille jusqu’au pays, afin de mieux assurer le développement.